Dans votre vocation, y a-t-il une photo qui a « fait déclic », une photo qui vous a plus marqué que les autres ? Pourquoi ?

Les Terres rouges de Bardenas. A partir de cette photo là, j’ai vraiment pris conscience que j’avais franchis une étape, que quand j’avais quelque chose en tête, une idée, j’arrivais à l’a réaliser telle que je l’imaginais. A partir de là, j’ai vraiment commencé à me chercher encore plus, à approfondir ce que je voulais photographier : ça a été un moment clé. Surtout que c’était pour travailler avec Nikon. J’étais parti en Espagne pour travailler avec la marque et se dire que tu photographies pour cette marque,  pour le lancement d’un nouvel appareil, te fait  réaliser que tu es allé loin. Surtout que le désert des Bardenas, c’est le premier lieu que j’ai fait à la fin de mon tout premier voyage, un endroit super marquant. Donc le fait d’y revenir pour un chouette projet, d’être super à l’aise avec ce que je crée et de continuer de progresser, ça m’a fait un choc.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé vers ce métier ?

Les raisons qui m’ont poussé à faire ce métier, c’est l’amour de l’image, de la création. Je suis quelqu’un de très visuel, très intéressé par tout ce qui est esthétique. J’aime beaucoup la nature, le voyage, être nomade : c’est un peu un mélange de tout ce que j’aime. Mais il n’y a pas que la partie photo. Il y a aussi la communication : c’est quelque chose que j’apprécie vraiment. Ce métier regroupe tout ce que j’aime. L’aspect voyage qui est incroyable, la photo que je prends énormément de plaisir à développer, à créer et l’aspect communication où tu échanges avec les gens, tu réfléchis à comment tu vas partager ce que tu as fait.

Saurais-tu dire quel est ton « style » photographique ?

J’ai un univers assez aérien, aéré, qui va quand même à l’essentiel. Il y a une espèce d’authenticité où on essaye de transmettre l’instant en posant son regard dessus. C’est souvent mettre en scène des silhouettes, confronter l’homme avec son environnement.

A quel point ce métier a-t-il changé ta vie ?

La photographie a changé ma vie littéralement. Aujourd’hui, sans mon métier, je me verrais pas autrement. Dans le scénario le plus optimiste, durant mes études de photo, je serais même pas arrivé là où j’en suis. Maintenant, je suis libre d’accepter les projets qui me plaisent ou pas ; je suis contacté pour plein de missions différentes qui me plaisent. Je travaille aussi bien dans le voyage, dans la photo que dans la musique. C’est une liberté énorme. Je peux vivre de mon travail. Je peux vendre mes photos et gagner ma vie avec ça. Je parle pas de faire des photos pour des clients mais proposer les miennes à l’achat, de faire des formations. C’est vivre du fruit de son travail. C’est super gratifiant, hyper touchant de me dire qu’aujourd’hui je peux faire ça alors que jamais je ne me serais vu le faire auparavant. Photographier Coachella, faire une grande expo photo à Paris, faire une boutique en ligne, travailler avec Nikon, partir à Hong Kong ou en Indonésie, casser des préjugés sur des pays en les découvrant, rencontrer les gens pendant les événements et passer du digital au physique, c’est super touchant et très important pour moi.

Quelle formation, quelle école conseilleriez-vous à un jeune désireux de se former à la photo, aujourd’hui avec l’importance du multimédia?

Faut pas oublier que la photographie, c’est un art. Il n’y a pas tellement de chemin type pour être photographe. C’est important de se le dire : tu auras beau faire la meilleure école du monde ou être autodidacte, tu pourras être un piètre photographe. Je pense qu’il y a autant d’autodidactes que de gens formés dans la photographie professionnelle aujourd’hui. Il y a pas tellement de conseil. Il faut mieux réfléchir à la raison pour laquelle on fait de la photo, qu’est-ce qu’on a envie de délivrer. C’est sûr que si tu es motivé, passionné, le cursus va être génial mais sinon ça peut te faire réaliser que tu n’es pas fait pour ça.

Quelle compétence doit-on, selon votre expérience, impérativement acquérir ?

Pour moi c’est la curiosité, la patience, du recul, être terre à terre et avoir de l’imagination. En fait ça dépend du style de photo que tu fais. Il y a tellement de spécialités différentes :  il y a plus de cinquante spécialités dans la photo. Si tu fais de la photo sportive, il va falloir être réactif, si tu fais de la photo culinaire, il va falloir être patient, méticuleux.  C’est pour ça que ce métier est beau.